Mesures coronavirus et congés payés

Alors que la France est confinée depuis mardi pour lutter contre la propagation du coronavirus, les directions mettent en place divers mesures pour leurs salariés dont le travail à distance, le chômage partiel ou encore la prise de congés. La diversité de ces situations entrainent un certain nombre de questions à propos des congés payés. Voici quelques réponses aux nombreuses questions qui peuvent se poser dès maintenant ou lors de la reprise de l’activité Pour plus d’info, n’hésitez pas à télécharger la note complète.
Peut-on imposer des congés par anticipation ?
La jurisprudence estimait, avant la loi no 2016-1088 du 8 août 2016, que, quelles que soient les circonstances,
l’employeur ne pouvait imposer au salarié la prise anticipée de ses
congés (Cass. soc., 22 oct. 1997, no 95-43.884 ; Cass. soc., 10 févr.
1998, no 95-40.905 ; Cass. soc., 5 févr. 2003, no 00-45.951 ; Cass.
soc., 30 avr. 2003, no 01-40.853 ; Cass. soc., 4 déc. 2013, no
12-16.697).
Cette interdiction ne figurant pas dans les dispositions
d’ordre public, les partenaires sociaux semblent donc pouvoir
l’autoriser dans un accord collectif.Lorsque l’entreprise applique les
dispositions supplétives, c’est-à-dire quand aucun accord collectif n’a
été conclu dans l’entreprise sur cette thématique, la prise des congés
par anticipation est possible, en accord entre l’employeur et le
salarié.
Chômage et acquisition de jours de congés
Toutes les heures chômées, qu’elles ouvrent droit ou non au versement
de l’allocation d’activité partielle, sont intégralement prises en
compte pour le calcul des droits à congés payés. (C. trav., art. R.
5122-11).
Attention à l’idée reçue selon
laquelle, le salarié devrait avoir consommé l’ensemble de ses congés
avant de pouvoir prétendre à une mise en activité partielle. Cette idée
ne repose sur aucun texte législatif, ni sur aucune jurisprudence. Il
s’agit d’un simple effet d’aubaine que
souhaitent certains
dirigeants d’entreprise mal intentionnés, qui par cette opération
espèrent vider les compteurs de congés pour faire travailler les
salariés pendant les mois de juillet et d’Août.
Les jours de congés supplémentaires et d’ancienneté
Ces jours conventionnels sont à l’unique disposition du salarié. Ces
jours sont prévus par les conventions collective territoriales pour les
mensuels et par la convention collective nationale pour les ingénieurs
et cadres. L’employeur ne peut donc pas les mobiliser à sa convenance.
Les jours de réduction du temps de travail (JRTT)
L’acquisition et la prise de JRTT est exclusivement prévu par un accord collectif qui en fixe les différentes
modalités d’acquisitions. L’accord collectif peut prévoir qu’une partie
des JRTT est à la disposition de l’employeur et l’autre partie à la
disposition des salariés. Si l’employeur décide d’utiliser les JRTT qui
lui sont dévolus, il devra néanmoins respecter le délai de prévenance
prévu dans l’accord. Peu importe la situation actuelle, l’employeur ne
pourra pas s’approprier les JRTT appartenant aux salariés.